Je me doit de vous raconter la première mini randonnée que j'ai faite avec la troupe au complet, qui a fini au Tierspital.
C'était un doux week-end d'avril, j'étais partie hyper heureuse et terriblement excitée d'enfin pouvoir passer une nuit en pleine nature avec mes compagnons et mon amoureux. Pour une première, nous partions sans aucune ambition si ce n'est prendre du plaisir en se baladant.
Tous à pieds, les chevaux légèrement chargés, nous nous sommes tranquillement rapprochés du Jura avant de grimper son flan que j'aime tant. Yaméa et Tao, tous d'eux très peu entraînés, montraient tout de même des signes de fatigue mais beaucoup de bonne volonté. La longue pause de midi s'était passée dans le calme bien que les deux chevaux ne se connaissaient que mal et qu'ils étaient libres dans un espace limité par un seul petit fil.
Après une pause à la fontaine de Romairon pour faire le plein d'eau, après que Tao ait machouillé le bouchon de la bouteille posé sur le bord de la fontaine (!) et que nous nous soyons éloignés du village, le ciel s'est chargé et nous avons préféré nous arrêter et monter le campement avant l'arrivée de la pluie. Un petit décrochement herbeux dans la forêt permettait de construire un parc correct le long d'une petite route de campagne.
Nous étions moins bien lotis pour monter la bâche/tente mais Yassin a tout de même réussi à nous fabriquer une jolie maison. Moi je me suis battue avec rage contre les ronces et les orties pour tendre les fil du parc, heureusement que le résultat était satisfaisant.
La soirée fut parfaite. Un bon pic-nic, Haku serein et fatigué qui dormait près de nous, le bruit rassurant des chevaux qui broutent. Et puis la visite des voisins les plus proches qui nous proposent leur aide en cas de besoin. Et pour finir nous allons voir la vue un peu plus loin, une soirée télé sur canal Orage, soleil et lumières de fou sur le lac. Mais la pluie nous épargne.
Notre humble demeure nous accueille fatigués et nous nous endormons tranquilles. La nuit est calme, les chevaux sont parfois agités mais Haku ne s'en préoccupe pas. Cependant au matin alors que je me suis rendormie un instant, les cris des chevaux me réveillent. Je suis sur mes pieds sans même m'en rendre compte, ces cris sont typiques de chevaux qui se battent. Et ça ne manque pas, Yaméa et Tao sont cul à cul et frappent. Ca ne dure que quelques secondes, mes exclamations les arrêtent immédiatement, mais le mal est fait. Tao est sur trois pieds.
Je respire un coup et je vais le voir, il saigne un peu. Je sais qu'un coup dans l'os peut être douloureux sur le moment mais ne pas être grave. Je préfère attendre un peu et ne pas prendre de décision trop vite. Mais après quelques minutes et quelques pas la douleur semble toujours aussi vive. J'appelle Gwenaëlle, nous ne pourrons pas descendre à pieds. Quelques minutes encore et Tao montre de forts signes de douleur. Je décide d'appeler une vétérinaire. Celle-ci me donne quelques conseils pour le transport et nous n'avons plus qu'à attendre. Une attente difficile car une fracture sur un membre d'un cheval est le plus souvent fatale. Je reste pourtant relativement calme en attendant le verdict.
La vétérinaire décide finalement de venir faire un premier examen dans la forêt, et son bilan provisoire est accablant et rassurant à la fois: accablant car il y a bel et bien une fracture, ouverte qui plus est. Rassurant car une intervention chirurgicale est possible et que sa vie n'est pas en danger. Ouf.
Tao monte en van comme un chef, Haku descend en voiture avec moi tandis que Yassin et Yaméa rentre à pieds.
L'arrivée à l'écurie est étrange, l'équipe est éclatée, j'ai l'impression d'avoir été coupée en deux. La radio confirme la fracture du stilet, nous ré embarquons Tao et Fabrice nous emmène au Tierspital de Berne. Mon coeur se serre quand je laisse Tao à un étranger dans ce lieux froid qu'est l'hôpital.
Ainsi se termine notre première essai de randonnée...