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  • Manisha

A la rencontre de l’aventure

J’ai ouvert la porte à l’aventure, elle m’a sautée dans les bras.


La première semaine de route a été très variée. Du Jura sauvage à la ville, du plateau à la montagne, de la pluie à la neige. Le tout accompagné de sentiments forts, déchirants ou euphorisants, de rencontres bienveillantes et de solitude.

En voici un résumé en image:

Passage émouvant à la Rue du Lac où nous avons vécu quelques années.

Et hop, photo de famille à la place Pesta.


Puis, peu après Pomy, Yassin quitte la caravane. Mon cœur brûle mais rapidement la joie d’être sur la route avec mes bêtes me rattrape. La séparation restera tout de même la plus grosse difficulté de la semaine.

Premier campement, plus que parfait malgré l’orage qui éclate avant que j’aie eu le temps de m’installer. Il me permettra au moins de tester mon efficacité et d’être plus rigoureuse les fois suivantes.


Le matin suivant je m’arrête à la fontaine d’Ogens. Une femme ouvre ses volets au dessus de la troupe et s’exclame devant la beauté de l’image. Elle m’invite à boire le café entourée de ses peintures, la voisine de presque 90ans nous rejoint. Surprenant moment à papoter avec ces deux sympathiques femmes que je n’aurais jamais rencontrées dans un autre contexte. C’est la magie du voyage avec des animaux.

Une jolie place de pic nic entre Thierrens et Moudon.

En choisissant un sentier à flanc de coteau pour rejoindre Moudon, je met du piment dans notre journée, jusqu’à là très facile. Après plusieurs passerelles à contourner dans les ronces et les bourbiers, après avoir enjambé un serpent, nous sommes coincés par un tronc en dévers. La photo est évidemment peu représentative, la dangerosité était suffisamment marquée pour que je prenne la décision de faire demi-tour et de franchir à nouveau toutes les difficultés précédentes. Par moments j’ai envie de fermer les yeux, ou je me retrouve impuissante à encourager les chevaux qui bondissent pour sortir de la boue qui leur monte jusqu’aux genoux. Nous perdons une heure et énormément d’énergie. Je suis toujours impressionnée par la confiance que m’accordent ces animaux pour me suivre dans ces moments là.

En passant devant cette ferme, près de Rue, un homme une bière à la main m’interpelle. Avec son ami nous échangeons un instant. Il me propose de boire un verre, je leur réponds qu’il serait plutôt temps que je cherche un endroit pour la nuit. Et voilà que je suis invitée à rester, les chevaux dans un pré d’herbe grasse, moi à partager le repas, les discussions profondes avec Cédric, mon généreux hôte. Je suis heureuse de prendre une douche chaude et de dormir au sec car il pleut une bonne partie de la nuit.

Au matin ce n’est pas mieux! Mais je continue ma route tranquillement. Un petit coup de blues plus tard le soleil refait surface. Et une jolie rencontre fini de me redonner le sourire malgré le pas traînant des chevaux qui me plombe. Deux enfants et une femme accourent en me voyant à la fontaine asséchée. Ils abreuvent les animaux, me remplissent les gourdes et me posent milles questions. Le plus grand veut partir avec nous, tous ont des étoiles dans les yeux. Il ont l’air déçus de ne pas pouvoir m’aider plus et cette femme, originaire des Balkans, m’offre une courgette farcie et du chocolat, ainsi qu’un « on ne vous oubliera jamais! ». Je repars le cœur légé.

Déjà nous avons traversé le plateau et nous trouvons un lieu de bivouac au dessus de Châtel-st-Denis. Je peux voir le chemin parcouru et adresser un au revoir au Jura.

Le lendemain c’est le col du Soladier qui nous attend, après les Paccots. La fatigue est présente mais les chevaux grimpent vaillamment la montagne. La montagne me rend joyeuse, j’en suis amoureuse.

Arrivés en haut le passage d’une clôture m’oblige à décharger Tao, heureusement que j’ai pris le coup de main! Je suis très fière de la troupe et nous continuons à flanc de coteau jusqu’au col de Jaman.

Whoua le lac Léman!

Et le col de Jaman. Nous dégringolons de l’autre côté, rattrapés par la pluie. Et quelle pluie! Elle ne faiblira pas jusqu’au lendemain matin.

La quête de campement est difficile, nous sommes épuisés et je craint la nuit, Yaméa est frileuse quand elle est mouillée. Nous ne trouvons pas d’abris mais le lieu est correct. Je monte le bivouac sous la pluie battante, avec méthode, j’arrive à garder l’intérieur de ma tente et mes affaires sèches. Je bricole une couverture de fortune pour ma jument qui tremble déjà. Et je me lève plusieurs fois dans la nuit pour la remettre en pataugeant dans la boue.

Au matin je découvre la neige toute proche. Je m’active et m’organise au mieux pour garder ma chaleur et ne pas finir de mouiller mes affaires, car la pluie est toujours là. Je finis les mains brûlées de froid mais je suis fière d’y être arrivée.

Malgré mes pieds et ma veste trempée j’ai du plaisir à monter la route qui mène au lac de l’Hongrin. Nous sommes seuls mise à part les bétaillères qui viennent rechercher les vaches avant la neige.

Un tunnel et hop le lac.

Vu la météo je décide de passer par le col des Mosses plutôt que par celui de la Pierre à Moellë, couvert de neige. Mais la neige nous rattrape, la tempête de neige!

Haku suit toujours sagement au bord de la route. Tout devient rapidement blanc, je ne sors pas mes mains pour faire des photos. J’ai laissé mes habits d’hiver, dont mes gants, à la maison afin de ne pas trop charger mes chevaux la première semaine.

Le col passé je cherche une ferme qui pourrait accueillir mes chevaux. Une femme me donne un numéro, un coup de fil et le tour est joué. Jean-Phillipe Ginier, éleveur à la retraite mais qui s’occuper encore des vaches de sont fils, accueille toute la troupe pour la nuit. C’est le pied!

Quelle générosité.

Le lendemain, par la fenêtre:

Je suis heureuse d’aider auprès des vaches pour rendre un tout petit peu de ce qu’on m’a offert. Et puis nous nous remettons en route, Haku est hystérique dans la neige. Moi aussi il faut dire, mais je me contiens.

Nous descendons la montagne et retrouvons la verdure, puis Yassin dans une toute petite gare. Quel bonheur! L’après-midi est toutefois éprouvant, les chemins sont terriblement caillouteux et les chevaux, encore pieds nus, en souffrent. Tao a perdu sa fougue du matin et marche à petits pas. Alors que nous sommes plus qu’à quelques kilomètres de chez mes parents, le devons faire demi-tour sur un sentier extra glissant. La terre battue mouillée ressemble à une piste de ski, piste noir je dirait.

Pour rejoindre notre tracé un autre sentier du genre nous attend. Yassin guide Yaméa devant, qui est impressionnante à voir sur ses skis mais qui garde bien son sang froid. Tao glisse plus encore, je cours devant lui tandis que lui ne bouge pas ses pieds mais va tout aussi vite. Enfin nous retrouvons la famille, ma mère, mon père, ma sœur et son bébé. Le chemin n’est pas meilleur et nous retenons tous notre souffle jusqu’à être en bas. Ouf! Nous traversons la Gryonne et il ne reste plus qu’à remonter de l’autre côté pour arriver, enfin, à Fenalet. Il fait presque nuit et la lune se lève sur la montagne.


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