L’automne est bien là!

Je n’ai pas donné de nouvelle depuis longtemps, c’est difficile de trouver du temps pour écrire dans cette vie intense. Alors déjà nous allons tous bien et l’aventure continue tant que le confinement ne nous bloque pas complètement.
Après quelques jours de pause, une dégringolade en plaine pas des plus facile, j’ai retrouvé l’autoroute, la rivière et le train.


Et je ne me doutais pas que la semaine et les rencontres seraient dictées par les soucis de formulaires, papiers, imprimantes.
Arrivés à Iragna, je passe la nuit dans une écurie. Les chevaux dorment pour la première fois au box, ce qui les stress un peu et me coûte un bras. Le gérant me dit qu’un vétérinaire passe faire des vaccins le lendemain matin si j’ai besoin de quoi que ce soit. Puisque je dois faire un contrôle vétérinaire pour obtenir un certificat sept jours maximum avant de passer la frontière, je compte le nombre de kilomètres il me reste jusque là. Cinq jour de route seulement! Alors je saute sur l’occasion, ce qui est une excellente idée car ce vétérinaire est plein de bonne volonté et à les bons contactes pour m’aider. Seulement voilà, les formalités douanières ne sont pas faites pour une cavalière piétonne et vont me donner du fil à retordre. Le certificat sanitaire doit en effet être envoyé par mon vétérinaire au vétérinaire cantonal, qui doit m’envoyer un autre formulaire par mail que je vais devoir imprimer, remplir, renvoyer par mail donc avec un scanner. Lui devra le valider et me l’envoyer par courrier et une fois rédigé je n’aurai que 48h pour passer la frontière. Sur ce formulaire on me demande la dernière adresse de résidence en Suisse, la première résidence en Italie et la date de passage de la frontière (qui doit être la même que la date de partance et d’arrivée aux adresses sus mentionnées). Ça semble presque impossible et je laisse ce problème de côté le premier jour.
Pour échapper au combo train-autoroute-fleuve je décide de passer en plain centre ville de Bellinzona. Avec mon accoutrement de pluie et mon chien gris-brun je ris de voir notre reflet dans les vitrines de luxes.
La route est monotone dans cette vallée et nous encaissons 24h de pluie. Par chance nous montons un campement sous un pont, refuge éternel des vagabonds.

Pour échapper au combo train-autoroute-fleuve je décide de passer en plain centre ville de Bellinzona. Avec mon accoutrement de pluie et mon chien gris-brun je ris de voir notre reflet dans les vitrines de luxes.

La vallée qui s’ouvre enfin est très urbanisée, je ressens un soulagement de retrouver la campagne et ces grosses fermes.

Je suis étonnée d’autant galère à trouver un accueil après cette journée de pluie, j’ai le sentiment que le covid y est pour quelque chose. Je fini par dormir sous tente dans un pré prêté.

Le soleil me rend euphorique le lendemain matin, ainsi que la perspective de quitter la vallée de la rivière Ticino.


Nous empruntons la route romaine, jolie et glissante et débouchons sur la vallée qui mène à Lugano. A Riviera je fais le plein d’essence pour mon réchaud directement à la pompe ce qui m’amuse beaucoup, et je traverse la ville que je connais de nos dernières vacances. C’est impressionnant comme la retrouvaille d’un lieu est émouvant après tout cet inconnu.

Plus loin, sur un chemin entre l’autoroute et la rivière (oui mais s’en est une autre!) la circulation est dense, de chiens, de piétons, de cyclistes. Tous sont curieux mais trois femmes, que je sens spécialement chaleureuses me poussent à m’arrêter. Elles sont adorable, j’en profite pour demander où est-ce que je pourrais bien imprimer un formulaire. Elle n’ont pas plus d’idée que moi mais retournent terre et ciel pour m’aider, finissent par m’apporter ce papier précieux. Une en particulier sera un ange pour moi, elle me donne un contacte non loin de la frontière pour remplir ce foutu formulaire. C’est vrai que mes appels du matin n’ont rien donnés et je suis un peu découragée.

La région est passablement peuplée et à l’heure de chercher un lieu de bivouac nous nous trouvons entourés de béton. Mais là, sur la route, des beuzes de vaches... je me mets à les suivre, une fois à droite, hop on monte et paf on tombe sur la seule ferme des environs. Le fermier nous laisse un pré au bord d’une petite route, un père et quelques uns de ces huit enfants m’apportent du risotto. J’appelle le contacte de mon ange, c’est un autre ange. Elle téléphone à une autre personne qui vit plus proche de la frontière et obtient une réponse positive. Ouf! Une adresse à mettre sur mon formulaire et un lieu où je peux attendre du courrier.
Alors dimanche c’est une journée très calme, je n’ai que quelques kilomètres à faites pour monter à la Fondation Meraggia. Je cherche un café, tous fermés et une femme m’interpelle par mon prénom. C’est une amie à ma mère qui a eu vent de mon aventure car avec ces histoires d’adresses tout le Tessin est au courant de ce que je fais.

Nous faisons un bout de chemin ensemble, elle m’invite à boire le café. Sur la route nous nous arrêtons à la fontaine devant une épicerie. Après les carottes aux chevaux et le croissant au chien (j’ai mangé la moitié mais c’était pour préserver sa santé 😉) le gérant m’apporte un énorme sac de fruits.
Arrivée dans la famille de Michelle, j’engloutis toute la chaleur humaine qu’ils diffusent en plus du crumble, et eux aussi m’aident à trouver une adresse en Italie. Je repars joyeuse entre les marronniers, bien que Haku les déteste.

Dans la petite clairière de Mergaggia mon hôte m’attend avec des amis. Je me sens immédiatement à l’aise avec ce petit groupe de personne qui m’offre à manger et encore d’autres adresses utiles, ainsi que beaucoup d’attention. Les chevaux paissent en liberté dans la clairière, puis passent la nuit avec les deux moutons. La petite maison de poupée ou de sorcière qui accueille régulièrement des voyageurs et des vacanciers est de toute beauté. En plus de ça elle est construite très intelligemment pour mêler confort et écologie.

Je passe deux nuits là, pendant le premier il tombe des trombes d’eau pendant toute la journée. Ça ne m’empêche pas de trotter chez Michelle qui m’invite à dîner et à aller faire mes courses que je peine à ramener à la maison. Les jours de pause je me fais plaisir et Haku a droit à des gros morceaux de viande, ce qui pèse. Il pleut tellement que pour la première fois mon chien cherche à s’abriter et n’a pas envie d’avancer.

Mais le soleil est de retour le lendemain pour tout sécher. Je partage les soupers avec mon hôte, Gorgi et bricole. Il y a toujours quelque chose à réparer ou à améliorer dans mon matériel. Mon formulaire est bien dans la boîte aux lettre, je n’ai plus qu’à foncer à la douane. Je me lève à 5h30 histoire d’avoir un peu de marge, la frontière est à environ 17km et me stress un peu.

Ce qui est bien vu car je commence par me tromper de route puis nous sommes bloqués par des barrières à trois reprises. Je contourne la première en marchant dans un petit lac, fais demi-tour à la deuxième et démonte la troisième heureusement un peu branlante. Puis je dois encore faire un détour et retrouve enfin mon tracé. Par chance pas d’autres mauvaises surprises par la suite, nous avançons bien dans ce pays sur-habité. Pays de belles voitures aussi, de camping car de luxe et de vélos de richtaux.

Je suis étonnamment bien acceptée dans ce décors, même quand j’emprunte la voie cyclable interdite aux chevaux pour éviter la route sur fréquentée. Et nous arrivons à la douane de Ponte Tresa dans un trafique dense. J’attache la troupe, vais trouver le premier douanier suisse mon dossier sous le bras.

Il m’emmène dans son bureau, puis m’envoie dans un autre bureau, qui m’envoie côté italien pour être sûre qu’ils me laisseront passer. Les italiens me renvoient côté suisse, où je fais valider la sortie du pays. Chaque douanier me pose quelques questions sur le voyages et s’en amuse beaucoup. Les bêtes sont entourées de badauds qui les prennent en photo, douaniers inclus.

Je bloque le pont pour me rendre à la douane italienne avec mes compagnons cette fois. Un jeune est arrêté alors qu’on s’apprête à me tamponner mon carnet ATA, le ton monte. Je me sens projetée en Italie, immédiatement et sans transition. Mon douanier fini de s’occuper de mon cas et me souhaite bon voyage. Je lui demande d’une petite voix s’il n’a pas besoin du certificat du vétérinaire (celui qui a dicté ma semaine), il me fait signe que non, je n’ai qu’à circuler. Alors je retrouve ma troupe et un douanier qui caresse Yaméa avec un air si enfantin qu’il me touche. Et nous laissons cette douane le masque sur le nez, obligatoire dans tous les espaces publiques en Italie. J’ai du mal à croire que nous avons changé de pays, en règle en plus, ça me fait quelque chose.
Je traverse Ponte Tresa, commence à grimper de l’autre côté et voudrais bien m’arrêter rapidement. Je demande à une femme en bottes violettes, qui m’accompagne plus haut par un chemin mal entretenu, il y a de l’herbe là haut dit-elle. Elle parle énormément, je ne comprends qu’un dixième, et ne marche pas vite. Je dois ralentir Tao pour ne pas la dépasser, ce qui fait qu’il s’arrête régulièrement. Elle me demande s’il n’est pas trop fatigué!
Effectivement il y a un magnifique pré avec une jolie vue, sauf qu’il est à quelqu’un, je dois lui expliquer que je ne peux pas m’installer comme ça. Elle demande la permission pour moi, le vieux est perplexe mais accepte. Une jeune femme me rejoins, et un ami à elle. Nous papotons alors que je monte mon campement. L’homme est un retraité lausannois avec qui je parle français avec délice. Ils resteront jusqu’à ce que j’aie fini de cuisiner et que la lune éclaire la pleine. La jeune femme, Ioana, me dit qu’elle hésite à me suivre dans l’aventure, je lui souhaite la bienvenue. Elle veux encore réfléchir la nuit, elle sera là avec ses deux chiens à 8h le lendemain ou ne viendra pas. Je n’ai plus qu’à attendre pour le savoir.
Et les photos sont superbes et très parlantes!
J'adore ton récit! Surtout le douanier attendrissant :)
Confort et réconfort, ça fait du bien je pense.
Bravo à toi pour avoir passé la frontière sans difficultés, et il ne reste plus qu'à... apprendre l'italien...hihiiiii et à profiter de ton voyage.
Buon viaggio ❤️
Bisous de la famille Paparelli
contente d'avoir de tes nouvelles, ta vie est variée, super, vis ton aventure à fond !
Bonne suite. Bisous
Et l'aventure continue.... merci pour les nouvelles et bonne route en italien, avec plein de soleil et de chouettes surprises... gros bizzzzzous.... à tout bientôt pour la suite.