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  • Manisha

30 octobre au 3 novembre, la compagnie et le soleil

Et oui, bien que je n’y croyais pas trop, à 8h Ioana a débarqué avec ses deux chiens et son gros sac! C’était parti pour quelques jours de partage avec cette jeune femme que je ne connaissais absolument pas.

Nous sommes parties de Cadegliano, son village, avec un soleil radieux et une sacrée troupe à poils. Ioana qui avait sillonné la région à pieds nous guidait, d’abord sur des routes assez conséquentes puis sur de jolis chemins. Nous avons longé deux lacs entourés de petites montagnes aux couleurs d’automne.



Les chiens s’entendent assez bien, mais Haku veut jouer avec Bella qui doit faire un huitième de son poids et qui n’est du coup pas très motivée. Lucky est clairement chef, Haku le prend beaucoup comme exemple. Par contre c’est un chef qui ne laisse pas le petit s’approcher du campement, Haku passe son temps dans les pattes des chevaux. Du côté des humaines, nous sommes très différentes mais toutes deux très cool. Nous communiquons en anglais mélangé à l’italien, ça fonctionne bien. Je suis super contente de partager mon voyage, même si toute l’organisation et la routine est chamboulée.

Ioana propose un coin de bivouac. Il n’y a pas assez d’herbe mais nous n’avons pas tellement le choix, la vallée se resserre et plus loin il n’y a plus que la route. Nous pourrions retourner en arrière mais je cède, décharge les caisses à Tao, retourne un kilomètre plus tôt acheter du foin à l’agritourisme. On me reçoit froidement et on me propose un sac pour 10€. Je proteste mais me sens impuissante avec mes quatre mots d’italien. Je demande quand même à parler à celui qui a fixé le prix, négocie et fini par obtenir deux sacs de foin de moins bonne qualité (bien assez bonne pour mes chevaux) pour 5€. Je charge Tao pour la première fois avec le foin, après quelques ronflements il marche calmement. Il a tellement progressé! Je m’en vais sans rien montrer, mais au fond je suis super fière de moi et de mon cheval (de Yaméa aussi qui est restée libre sans bouger au milieu de la coure et d’Haku qui n’a pas répondu aux aboiements incessants des chiens).

C’est un joli campement, avec un feu et une copine c’est encore mieux!


Le lendemain nous faisons beaucoup de route, nous sommes pas loin de Varese. Il fait étonnement chaud, même lourd.


Nous nous arrêtons à la pâtisserie, Ioana a la dalle et moi je suis heureuse de dévorer une pâtisserie sicilienne. En plus les chevaux ont droit à un pré bien gras à côté du parking. La mission suivante est de m’acheter une carte téléphonique, contrairement à mes autres voyages à cheval je m’octroie le droit de communiquer avec mes proches, j’ai compris que j’avais besoin d’eux.

Mission accomplie, nous quittons gentiment la ville, ouf! Le terrain est vallonné, un peu boisé et les champs sont de petites tailles. Les villages à moitiés abandonnés, le sol étonnement mouillé alors qu’il ne pleut pas depuis un moment. Ioana demande à s’arrêter, c’est clair qu’elle n’a pas cinq semaines de marche dans les jambes et elle refuse que je porte son sac à dos. Nous trouvons un lieu de bivouac en partie dans un champ cultivé (d’herbe, mais c’est quand même une culture), ce qui ne me plaît pas trop mais sinon c’est parfait. Les chevaux vont se régaler et nous aussi avec notre tembouille sur le feu.

Avec les derniers rayons de soleil je trouve la force de me laver dans la rivière.

Plus tard lune presque pleine se lève, en même temps que la brume. C’est tellement beau, nous sommes scotchée.

Le réveil est violent, un chasseur tire non loin. On gueule, on allume la lumière.

Le brouillard est dense, tout est trempé. Mais rapidement nous rattrapons le soleil en grimpant la colline.


A midi je commence à ressentir une tension en moi, ce n’est pas facile d’assembler deux femmes qui ont l’habitude de voyager seule dans un seul projet. Ce qui n’est pas une surprise il faut dire.

Nous poursuivons dans la forêt, puis dans un village où je vais faire des courses.

Nous n’avançons pas énormément mais il est déjà temps de s’arrêter pour la nuit. Nous trouvons un joli pré bien (trop) gras dans la forêt, c’est très humide, ce qui donne une ambiance mystique et mystérieuse avec la pleine lune et la brume. D’ailleurs quelques jeunes sorciers passent non loin, c’est Halloween.

Je passe la soirée à coudre un chausson pour Haku qui boite depuis quelques jours à cause d’une petite crevasse dans son coussinet. Ioana me fait écouter de la musique au coin du feu ce qui m’égaille.

Le réveil est le même que la veille, un coup de feu vraiment proche. Je sors, les chevaux ne sont pas tranquilles et moi non plus. On gueule mais ça n’empêche pas le chasseur de tirer à plusieurs reprises. La dernière fois les chevaux, libres car je suis e train de les seller, partent au grand galop a l’autre bout de la clairière. Je n’ai pas de peine à les ravoir mais je suis contente de m’en aller de là.

Assez vite, nous nous arrêtons au café d’un village pour charger les batteries (au propre comme au figuré). On parle de confinement qui semble imminent, ce qui me met un coup de pression. La journée est grise, nous traversons une petite ville. Je n’ai toujours pas la carte en main ce qui me fait très bizarre. Un peu plus loin Ioana demande à s’arrêter, nous nous mettons dans un pré à côté d’un cheval qui a l’air de vivre seul et de trois chiens. Nous avons envie de les adopter!

Haku joue avec un chien pendant que je discute avec ses propriétaires. Ils me demandent si j’ai besoin de quoi que ce soit, j’en profite pour leur dire que nous n’avons plus de croquettes et que tout est fermé, c’est dimanche. Ils reviennent alors plus tard avec un gros paquet.

Nous galérons un peu dans une forêt, finissons par trouver notre route. Tout est plat mais les couleurs des forêts font du bien aux yeux.

Ce soir la Ioana ne se sent vraiment pas bien, nous devons nous arrêter dans une forêt où il n’y a presque rien à brouter pour les chevaux. Je vais chercher du foin un kilomètre plus loin à deux reprises (ce qui fait 4 km quand même!) mais il n’est vraiment pas de bonne qualité, les chevaux n’en grignotent une partie du bout des lèvres.


Je suis inquiète, Tao est sorti une fois du parc dans la soirée et j’ai peur qu’il ne re sorte pendant la nuit. Je prends alors mon courage à deux mains et explique à Ioana que dans cette configuration je ne m’y retrouve pas. Je veux bien lui laisser beaucoup de place, lui laisser décider de l’itinéraire et de choisir à quel moment nous devons nous arrêter à condition que les chevaux ne soient pas perdants. Elle ne se défend pas, ne demande pas plus d’explications. Elle décide juste qu’elle s’en ira le lendemain, sans faire de vague. Je suis un peu déçue de ne pas plus en parler, mais ça semble la décision la plus simple.

Le lendemain donc, nous n’avançons que quelques kilomètres avant de s’arrêter s’empiffrer de pâtisseries au café puis faire brouter les chevaux dans un grand pré. Nous nous déplaçons à peine plus loin pour attendre Bruno, qui doit nous rejoindre avec son bus camping. Nous discutons longuement, mangeons tous ensemble.


Je décide alors de rester là pour la nuit, et les amis s’en vont. Drôle de sensation, je suis libérée et triste à la fois. Je suis heureuse de retrouver mes habitudes et j’ai le sentiment de reprendre possession de mon voyage. Je suis heureuse d’avoir partagé mon aventure avec quelqu’un comme Ioana et ses deux chiens, d’avoir également vu quelles sont mes limites d’adaptation. Et j’ai le sentiment étrange d’arriver à nouveau en Italie, car quand j’y pense, je ne l’ai parcourue qu’accompagnée. Je m’endors avec un brin d’excitation et d’appréhension.




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