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Du 22 au 27 novembre, le bonheur absolu

Manisha

Après un jour de pause dans ma cabane de rêve, nous nous remettons en route, direction les montagnes! Laura et Luca m’ont conseillés sur l’itinéraire et m’ont offert une carte, une vraie en papier.

Tao est toujours aussi mou, d’autant plus qu’il a une petite blessure au postérieur qui m’empêche de lui mettre les chaussures.

La première étape n’est pas très longue, nous nous élevons doucement au dessus de la plaine.


Les lumières sont splendides et la vue est magique. Je galère un peu avec des clôtures, tout me rappelle le Jura. Finalement je fais le tracé à ma sauce, celui conseillé n’est pas adapté aux chevaux.



En passant au dessus d’une petite écurie très animée, je me fais inviter à faire la pause et à me joindre à l’anniversaire. Situation inattendue, que je déguste en riant intérieurement. Après plus d’une heure de fête, de rire et de bonnes pâtes je m’esquive. Haku est triste de quitter ses potes chiens mais moins que le St Bernard de 8 mois qui veut s’échapper avec nous.


Les chemins de pierres ne plaisent pas aux pieds nus de Tao mais sont très jolis. Nous arrivons à Fosse où une petite écurie a été prévenue de ma venue. Ici aussi c’est la fête, tous les pensionnaires se sont réunis car une des leurs leurs apprend qu’elle attend un bébé. Je suis très bien reçu, je vole peut-être un peu la vedette.

Mes chevaux ont une petite stabulation tandis que Haku et moi dormons dans un boxe bien paillé entre les chevaux.

Le boucan des bêtes et un légé asthme m’empêchent de bien me reposer.

Lundi nous repartons dans un froid glacial. Nous sommes déjà à 1000m et ne faisons que monter. Direction il Parco de la Lessinia.


La petite route en lacets est gravie avec courage et régularité jusqu’à dépasser la limite des arbres. Là nous faisons une petite pause et foulons la neige dans les recoins ombragés. Puis nous marchons dans un paysage désertique, où seule une herbe brune pousse.

D’un coup de sabot Tao casse la glace d’un petit lac gelé pour s’abreuver. Nous passons le col et prenons une petite route goudronnée qui remonte de l’autre côté.

Nous croisons quelques promeneurs et arrivons sur les crêtes hirsutes, que nous suivons avec bonheur.



Direction le refuge de Podestaria, où j’espère pouvoir passer la nuit au chaud et à l’abris des loups. Oui, dans cette région il y a des meutes de loups et l’on m’a conseillé de ne pas traîner la nuit dans les parages. Seulement voilà, l’énorme refuge est fermé. J’en fais le tour, ainsi que de l’étables qui est ouverte mais où il n'y a rien à manger. Malgré mes recherches méthodiques je ne trouve pas de foin et construit un parc qui fait presque le tour du bâtiment.

Je pique du bois dans une grange, à cette altitude il n'y a pas d'arbres et vu le froid qui arrive avec la nuit je préfère allumer un petit feu. La tente est montée contre la face est alors que le ciel s'embrase et offre un spectacle à couper le souffle.



L'ambiance est spéciale, presque mystique là haut. La nuit tombe et tout est parfaitement calme, je n'ai jamais entendu autant de silence. A part le bâtiment auquel je suis adossée, pas un signe de présence humaine n'arrive à moi, pas une lumière vient concurrencer les étoiles.

Dans cette solitude parfaite apparaît une petite voiture, au loin. Cahotant sur la piste de cailloux elle se rapproche doucement, jusqu'à arriver vers le camp. Je saute sur mes pieds et cours à sa rencontre, j'ai peur qu'elle ne s'arrête pas avant le fil du parc qui est difficilement visible et le défonce. Ouf, elle s'arrête et moi, le coeur battant, rejoins mon campement. Mais la voiture reste là, les grands phares allumés et je me sens terriblement vulnérable face à celui ou celle qui conduit cet engin, ne sachant pas ce qu'il fait là. Elle s'en va finalement, mais revient quelques minutes plus tard et s'arrête à nouveau face au fil, gardant les phares et le moteur allumé. J'attends, la main sur mon spray au poivre qui me paraît ridicule, mais rien ne se passe. Alors je fini par m'approcher, éblouie par les grands phares. J'entends la fenêtre s'ouvrir et une voix d'homme m'interpelle en me demandant si tout va bien. Je ne réponds pas et demande ce qu'il fait là. Il me parle gentiment, nous échangeons quelques mots puis je m'en vais, en colère. Cet homme apparement bien intentionné n'a pas pensé une seconde qu'une femme seule, à pied dans une montagne déserte, éclairée de milles feux face à un inconnu invisible pouvait être mal à l'aise? Il s'en va mais je mets un moment à me calmer, la colère a prit la place de la peur.


La nuit est froide et j'ai du mal à dormir quand le vent violent se lève. Les chevaux, que je vais voir à la frontale sont du bon côté du bâtiment, à l'abri tandis que ma tente est malmenée. Mais je réveil est magnifique dans cette montagne. Avant de partir nous descendons au petit lac et je dois re casser la glace crée sur le trou que j'avais fais la veille.


La matinée est sublime, toujours pas de vie humaine en vue.

Nous faisons les déjeuner en compagnie de chamois, puis retrouvons la civilisation en arrivant à San Giorgio, affreuse station pour touristes. J'y cherche de l'eau, je suis assoiffée et à sec depuis un moment. Un homme me remplis mes gourdes et m'offre le café en me racontant ses chevauchées dans la région.

Nous laissons les larges chemins de pierres pour la route goudronnée, que mes chevaux préfèrent. Tao a reprit du poil de la bête, j'en profite pour monter un peu à cheval car c'est ce qui marche le mieux pour booster la troupe. J'ai en effet un contact à Velo Veronese et compte bien m'y rendre avant la nuit. Les collines qui plongent sur la plaine sont magnifiques et truffées de jolis chemins.

Nous perdons de la hauteur et arrivons finalement assez tôt au village. Ricardo et sa famille viennent à ma rencontre, j'ai droit à un bel accueil.

Le vide laissé par leur dernier cheval vendu quelques jours plus tôt laisse la place à Tao et Yaméa de paître tranquillement. Ricardo et ses deux enfants transforment en deux heures le garage en nid douillet pour Haku et moi. Ils sont si désolés de ne pouvoir m'accueillir chez eux pour cause de mesures sanitaires que je n'ai pas réussi à les empêcher d'entreprendre un grand chantier de bricolage. Le garage ouvert sur un côté et abritant le petit tracteur s'est vu dépossédé du véhicule, fermé par une grande bâche, affublé d'un poêle à bois avec sortie de fumée par le coin de la bâche, déplacé le néon qui lui pendait au plafond et empli de mobilier. Il était méconnaissable, et tout la famille est descendue avec le repas pour manger avec moi. J'ai passé un super moment dans cette généreuse famille. D'autant plus qu'avec les histoires d'animaux attaqués au village par les loups quelques jours plus tôt je suis rassurée que mes chevaux soient en sécurité. Ici ce ne sont pas des légendes.

Le lendemain, on a prit deux rendez-vous pour moi: à 8h30 avec un journaliste et à 9h00 avec les élèves de l'école du village. Après un interview dans mon italien très approximatif, je me retrouve face à quatre classes et à tous les professeurs, avec mes fidèles compagnons. Je suis agréablement surprise que toute l'école se déplace dans le champs voisins sans avoir besoin de faire des demandes ou démarches quelconques des mois à l'avance auprès de supérieur friands de formulaires. Les enfants sont étonnement intéressés par mon voyage, ils me posent toute sorte de questions et m'écoutent baragouiner avec beaucoup d'attention. Finalement, ils ont le droit de venir caresser la troupe pour le plus grand bonheur d'Haku.

Voici l’article avec une petite video:

Je repars le coeur rempli de reconnaissance pour ces belles rencontres, et pour le respect admiratif qu'il ont pour mon projet.


L'hospitalité pour les deux nuits prochaines dans les petites montagnes sont assurés, Ricardo s'est occupé de tout. Nous descendons dans une vallée transversale, remontons en lacets de l'autre côté et arrivons vers San Bortolo delle Montagne où nous attend Emanuela et ses deux filles.


Eux ont deux magnifiques chevaux, les miens passeront la nuit dans une petite stabulation avec les poules.

J'ai droit à une grande pièce surchauffée rien que pour moi et quand Attilio, le mari rentre du travail, je suis invitée à souper avec toute la famille. Super échange, encore une belle rencontre. C'est fou ce que les gens sont généreux, le comble c'est que c'est encore eux qui me remercie de m'être arrêtée chez eux! Et je les sens profondément sincères, ils ont vraiment l'air heureux.

Le lendemain, dans un froid mordant nous descendons dans la vallée suivante où tout est encore givré, puis remontons dru l'autre versant, en plein soleil.

Le sentier est terriblement raide et nous finissons en sueur dans nos habits d'hiver. Moi au moins je peux enlever des couches!

Nous sommes en avance, je profite de faire une longue pause au soleil pour permettre aux chevaux de sécher avant les gelées de la nuit, qui risqueraient alors de les faire tomber malade. Puis nous marchons encore une heure sur une petite route vallonnée avant d'arriver chez Enrico vers Castelvecchio. Il a déjà construit un petit parc pour mes héros, été cherché du foin chez le voisin. Je suis accueillie par tout le quartier, les filles, la voisine, la mère, la grand-mère... les petites filles tombent amoureuses d'Haku, c'est un amour réciproque. Après le café chez la grand-mère, l'arrivée du beau fils, on m'allume un feu dans un petit appartement inhabité et j'y fais ma vie, tout confort.

Au sommet de la gentillesse, la femme dont j'ai oublié le nom (honte à moi), va à la ville la plus proche me chercher un vermifuge pour Haku qui en a bien besoin.


Le lendemain, dernier jour dans les montagnes, je file sur Valdagno, petite ville coincée entre les montagnes. Les routes sont terriblement raides pour le plus grand désespoir de mes chevaux. Ils détestent descendre!


Je me paie le luxe d'un café en terrasse, je surveille avec amusement la foule qui s'amasse vers les chevaux attachés plus loin.

Après les courses, nous remontons la dernière petite montagne qui nous sépare de Schio. Au nord de celle-ci le froid se fait sentir, et arrivés proche de la ville je cherche un lieu pour dormir.

On m'envoie plus loin, j'arrive finalement de nuit dans une friche ou un vieux verger abandonné où je retrouve ma tente et mon feu après plusieurs nuits de confort.


La tente est d'ailleurs pleine de givre au matin!


Je suis immensément reconnaissante pour cette chaîne de solidarité qui s'est crée dans ces montagnes magiques.

MERCI A TOUS!







 
 
 

6 Comments


Francoise Bitton
Francoise Bitton
Jan 09, 2021

Coucou Manisha,

Merci pour le récit de tes aventures que je lis toujours avec plaisir et c'est super de te voir avec ton équipe sur la vidéo. Je trouve que tu es courageuse et je t'admire beaucoup, bravo ! bonne continuation et aussi je te souhaite une belle année 2021 pleine de belles aventures, que du bonheur pour toi et tes compagnons à 4 pattes.

bisous.


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paparellip.c
paparellip.c
Jan 04, 2021

Coucou d'Yverdon où le temps est maussade et glacial, mais bon on est en hiver ...

Tes parents étaient là hier, l'occasion de passer un bon moment ensemble, et de discuter de ce périple à cheval. Te lire nous fait voyager mais nous fait peur parfois, enfin apparemment tout se passe bien, et tu as retrouvé Yassin au moins pour un moment. On te souhaite une belle année 2021 et gros becs à toi, à Yassin et à toute ta troupe.

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Tecla Dalla Chiusa
Tecla Dalla Chiusa
Jan 01, 2021

Ciao io sono la donna del vermifugo🤣🤣 spero che Haku stia bene.. Un augurio di un buon 2021 e un abbraccio Tecla

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anex.nicole
Dec 29, 2020

Superbe Manisha ! un immense merci pour ce merveilleux récit agrémenté de tes très belles photos. Un plaisir à chaque fois de trouver dans ma boîte mail une notification de la Caravane silencieuse.

Merci pour ces partages et.....enjoy

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monachons@hispeed.ch
monachons@hispeed.ch
Dec 29, 2020

Au fait, as-tu bien reçu les sous ?

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