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  • Manisha

Du 4 au 9 novembre, lockdown, masques et compagnie

Écrire un blog en plus de mon journal personnel me demande beaucoup, je songe à raconter mes aventures dans un podcast au lieu de les écrire mais je n’ai pas encore trouvé une formule fonctionnelle sur mon téléphone. En attendant j’écris, en espérant que ça ne soit pas trop répétitif pour vous qui me lisez.

Mardi 3 novembre je me réveille comme une fleur dans un brouillard dense. Je pars tôt, sans manger, trop contente de faire de l’avance et de tester ma carte italienne que je n’avais pas encore le temps d’éprouver. Tout est parfaitement calme, je ne vois pas à 10m. Je ne cherche pas spécialement à m’arrêter mais tombe plie sur un bar très animé. Alors je parque les chevaux, Haku a le droit de m’accompagner dedans malgré la boue dans laquelle nous avons pataugé. Il fait même s’exclamer la galerie, les italiens sont vraiment fans des chiens.

Nous marchons dans une plaine bien plate, ce n’est pas très joli mais les arbres rattrapent quelques peu la chose. Yaméa nous suit librement, Haku la surveille de prêt ce qui l’agace au plus haut point. Je trouve passionnant de voir quels rapports ont entre eux les animaux, et comment ils évoluent.

Vous la voyez?

Haku boîte encore pas mal, je lui enfile ses chaussons qu’il déteste. J’ai l’idée de contacter un agritourisme où nous pourrions nous arrêter au moins deux nuits. J’en trouve un sur ma route mais ils ne répondent pas au téléphone alors je décide d’aller directement sur place.


La journée reste grise, nous traversons encore quelques villages, nous sommes au sud de Côme. Dans une grande forêt très sauvage je m’étonne de ne pas me perdre. Je me perds plus loin, dans la petite ville de Mariano Comense, où les parents et leurs enfants nous ensevelissent sous leurs questions, leurs photos, leurs exclamations. Ils nous courent après pour fourrer quelques brins de mauvaises herbes dans la bouche des chevaux. Finalement une femme me remet sur ma route et nous arrivons au Ranch di Millefiori. Je suis déçue de découvrir que ce n’est pas du tout un agritourisme mais un gros ranch western, mais on accepte de mettre mes chevaux dans des boxes pour 10€ chacun. J´arrive a obtenir de les laisser dans le paddock devant les boxes et déplace ma tente dans le rond de longe, il annonce de la pluie. Le gérant de l’écurie est très généreux, et tous les hommes (oui il n’y a presque que des hommes!) sont impressionnés par mon aventure, ils sont aux petits soins sans être pour autant envahissants. J’ai même droit au souper indien dans le club house, cuisiné par la femme du gérant. Je fini même le poulet!


Le lendemain est une drôle de journée. Je commence par me faire réveiller par les trois coqs qui chantent non stop dès 3h du matin.

Puis, une fois partie, j’apprends par Ioana que le confinement est bel et bien annoncé pour le lendemain en Lombardie. Je m’arrête dans un pré pour me renseigner et prendre les bonnes décisions. J’hésite à chercher un endroit de replis où attendre la fin du confinement, mais mes appels n’aboutissent pas, les agritourismes doivent fermer. Je pense à faire transporter l’équipe en Vénétie mais cette option ne me plaît pas du tout. Je décide de chercher en priorité un lieu où m’arrêter deux nuits le temps d’y voir plus clair et trouve une ferme à un jour et demi de marche.

Je vais faire les courses au village, arrivée à la caisse je me rends compte que j’ai perdu mon porte monnaie. Je suis gênée mais une caissière vole à mon secours et paie pour moi, m’offre même des choses en plus. La pure générosité. Je retrouve mon porte-monnaie dans le pré où nous nous étions arrêtés, ce qui me fait revenir loin en arrière. Plus loin, je fais un grand détour pour éviter une énorme route. Mais mon chemin est barricadé, je dois changer d’itinéraire. Entre deux arbres, Tao arrache le crochet d’une caisse. Je bricole, mais comme je l’ai déjà fais je ne suis pas trop catastrophée.

Je cherche un pont sur la rivière, commence par le louper puis découvre qu’il est complètement deglingué. Je retourne en arrière, et monte le campement le long de l’autoroute. Pour terminer cette journée de merde Haku boîte sérieusement et je découvre que j’ai oublié ma lampe frontale au ranch...

Au moins les chevaux sont bien et les trois compagnons de reposent ensemble, ce qui m’attendrit.

Le 5 novembre, nous n’avons pas l’occasion de traîner malgré la fatigue de tous, nous avons une longue route pour atteindre la ferme Bagaggia. En théorie c’est le premier jour de confinement, mais je ne vois aucun différence. Haku me boîte plus, je n’y comprends rien. Après une matinée grise le soleil fait timidement surface, juste assez pour sécher ma tente que je déploie toujours à la pause de midi. Un chasseur effraie mes chevaux et des petites mouches les agacent.


Je pense me perdre dans une petite ville, c’est simplement que je ne me suis pas encore habituée aux distances sur ma carte (j’utilise osmAnd sur une vielle tablette).

Je monte un peu à cheval, ce qui n n’est pas arrivé depuis plus d’une semaine, mais je ne fais pas long car Tao traîne et Haku perd un chausson. A Monticello je fais les courses, m’arrête à la banque. C’est l’occasion à chaque fois de créer curiosité et étonnement.

Nous sommes aux portes du parc de Montevecchio, que nous devons traverser pour atteindre nos hôtes. C’est très beau mais je n’en profite pas complètement car le temps file et les jours sont si courts que je craints l’arrivée de la nuit.


Au premier croisement je regarde ma carte et un homme veut absolument m’aider. Je déteste quand on me dit où je dois aller ou quelle route je dois prendre alors que je n’ai rien demandé. Au final il m’embrouille et je me trompe de sentier, ce qui me fait encore perdre du temps. Je ris de voir à quel point les collines sont petites, au milieu de la plaine elles me paraissaient être des montagnes sur ma carte. Arrivés quasiment à destination, je jure en découvrant un escalier cintré de deux murs bien trop serrés pour passer. Je cours les alentours pour trouver un échappatoire, en trouve un mais je dois démonter une barricade et descendre des terrasses terriblement raides. Les italiens sont encore pire que les suisses avec le soucis de propriété. Si tout n’est pas clôturé il y a au moins un panneau d’interdiction de passer. Nous réussissons à passer mais finissons la marche dans la nuit noire. Nous sommes fatigués, sales et à nouveau boiteux pour Haku. Nous méritons bien notre pause!

Nous passons trois nuits à la ferme Bagaggia où je me sens parfaitement à ma place, ce qui est tout de même rare et très reposant. Les gens sont adorables et généreux, me laissent une vrai place sans être trop prévenant non plus. Je partage les repas avec le couple de gérants, aide à traire les chèvres, m’occupe de mon matériel, écris, me repose.



On voit les chevaux depuis ma fenêtre 🥰 et Haku a trouvé sa maisonnette 😂:


On m’explique que le confinement commence le lendemain, j’ai le temps de décider de continuer malgré le fait que je sois en théorie illégale.

Alors, avec un pincement au cœur je continue ma route.


C’est aussi un bonheur de traverser à nouveau les paysages, qui sont encore jolis. Je monte même un peu à cheval, ils sont en forme.


J’appréhende de traverser les villages confinés mais j'y trouve beaucoup d’animation et aucune animosité. Nous rejoignons les rives du fleuve Adda, que nous suivons tout l’après-midi. C’est magnifique!


Le meilleur lieu de bivouac que je trouve est gonflé ou comique, je m’arrête dans un petit parc publique à la sortie d’un village, Bottanuco. Il est déjà clôturé et bien herbeux, en surplomb de la rivière. Un jeune couple valide mon choix, ainsi qu’un promeneur de chiens. Je suis plus sereine et dors sur mes deux oreilles.

La matinée est toujours aussi belle car nous poursuivons la descente du fleuve. Gros changement appréciable : nous sommes totalement seuls, les promeneurs du dimanches sont retournés travailler.



Je dois finalement quitter ce beau fleuve et traverse une ville à la recherche de la poste. Je vois beaucoup d’étoiles et de points d’interrogation dans les yeux des gens.

J’envoie mon paquet pour l’anniversaire à mon amoureux, fais les courses et m’arrête un peu plus loin dans un grand champ. Les chevaux ne tiennent pas en place, énervés par les mouchettes qui envahissent leurs yeux et leurs oreilles. Toujours libres, je dois sans cesse leur courir après et fini par tenir Tao.

Une mamie quelques peu édentée vient m’offrir un café et échanger quelques mots. Les gens sont vraiment gentils.

Le village suivant est magnifique, de vieilles baraques en briques oranges. Nous traversons un autre fleuve, un autre village et retrouvons la campagne.

Les chemins sont bondés, il fait doux et tous les promeneurs masqués sont sortis. Après quelques échanges et les questions obligatoires je monte le campement à côté de Levate, dans une sorte de friche. Je me réchauffe près d’un feu fumant, tout est très humide. En plus j’ai oublié de sortir la tente pour la sécher!






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