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  • Manisha

Le Kosovo avant Yassin

Non, Yassin n’est pas un roi ni un dictateur dont je vais conter les méfaits, il n’est autre que mon amoureux qui devait me rejoindre une semaine après mon entrée au Kosovo.


Le 21 avril, jour du départ de mon papa pour la Suisse, nous nous apprêtions à quitter l’Albanie. Nous avons évité tant bien que mal l’autoroute qui menait à la douane, mais nous avons dû l’emprunter sur les derniers kilomètres. Après plus d’un mois en Albanie je savais que des chevaux sur l’autoroute n’avait rien de surprenant.

Après mon échec d’entrée en Macédoine j’étais hyper stressée. Mais c’était sans compter qu’une bonne partie du Kosovo est peuplé par des albanais et que ceux-ci n’en n’ont rien à faire des formalités. La seule chose qui a posé problème c’était mon teste covid de Kukës où je n’avais pu qu’en faire un dit « rapide ». Au guichet avec ma troupe, dans la longue file de voiture on m’a rétorqué « no valid », mais les collègues s’en sont mêlés et après quelques discussions ils m’ont dit de traverser le pays le plus vite possible. (Un policier m’a dit « au galop », un autre « sans m’arrêter »). Aucune question pour les animaux, le carnet ATA et les passeports leur ont suffit. J’étais immensément heureuse et soulagée, j’avais enfin le sentiment de rentrer à la maison.

Le Kosovo m’a tout de suite surprise, je l’imaginais comme l’Albanie alors qu’il est, de l’extérieur en tout cas, beaucoup plus riche. Quand j’ai quitté la route principale j’ai été étonnée de découvrir une route secondaire goudronnée! Les maisons étaient plus proprettes, mieux finies et il semblait y avoir moins de bétail. Du coup l’herbe était haute, et les montagnes laissaient place à de collines vertes.


J’ai parfois eu le sentiment de traverser le plateau suisse, avec les collines, les routes neuves, les montagnes enneigées au loin et plein de petits villages où trônait une mosquée, faute d’église. Le Kosovo est très habité, ce qui contrastait avec la nature sauvage et puissante de l’Albanie.


La première nuit a été une galère, les gens rencontrés étaient tous plus indécis les uns que les autres, peureux, peu disposés à aider. Et j’ai été observée par des dizaines de jeunes hommes pendant que je montais mon camp.

Heureusement par la suite j’ai trouvé beaucoup plus d’aide spontanée, j’ai passé les trois nuits suivantes chez trois hommes différents.


Les deux premiers, jeunes entrepreneurs expatriés qui géraient aussi des affaires au pays. Deux hommes aisés qui avaient construit une grande maison pour leur vieux parents. Des gens totalement différents de moi mais qui m’ont tout offert avec beaucoup de respect.

Entre deux nous avons marché sous la pluie et dans la boue.

La télévision nous a attrapé dans des conditions exécrables:

Et la troisième nuit c’est Sokol qui nous a hébergés, après que je lui ai refusé son selfie, le vingtième de la journée. Comme il parlait français (!) j’ai pu lui expliquer la raison de mon refus et je crois que ça lui a plu. Je suis restée deux nuits dans sa famille, j’ai aidé comme j’ai pu sa femme à gérer ses quatre jeunes enfants, la maison, les repas, les lessives... mais cette femme très forte, très organisée et dure avait plus besoin de compagnie que d’aide.


J’ai beaucoup aimé plonger dans cette vie familiale rude, et pouvoir échanger avec Sokol dans ma langue. Et c’est là que Yassin est arrivé, me faisant déborder de bonheur. Ma maman d’emprunt se moquait gentiment de moi en me voyant si joyeuse. J’étais d’autant plus heureuse de recevoir mon amoureux dans de si bonnes conditions, avec un festin malgré la Ramadan.


Et la caravane silencieuse a poursuivit sa route avec un ange en plus.

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