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Récit de rattrapage

Manisha

Coucou les amis, je suis navrée de ne pas vous avoir donné de nouvelles depuis tant de temps! Je vais donc devoir résumer énormément les événements, ce qui me chagrine. Je vais laisser parler les images:

Après une magnifique semaine dans les montagnes, nous trouvons du repos chez Michele, jeune homme très interessant et plein de bon sens. Maraîcher bio, je le trouve via le site de woofing et il accueille mes chevaux entre ses légumes. Je rencontre ses amis puis repars après deux nuits.


Nous traversons quelques collines pour retrouver deux jeunes femmes pétillantes et pleines d’enthousiasme, des amies des amis de Michèle (les amis des amis sont vraiment des amis!) La journée est magnifique et les paysages aussi.


La vue depuis la maison, San Luca


En plus c’est la pleine lune!


Je suis hyper heureuse de rencontrer ces deux femmes et Haku joue avec le chiot.


Le lendemain je descends à Marostica, où je dois recevoir des nouveaux fers pour Yaméa en poste restante. Ça tombe bien, le matin même un fer part en cacahouète!

Nous suivons la route, il fait tout gris. L’arrivée à Marostica est jolie, c’est une ville médiévale animée par un grand marché.


Mais c’est le dépis total quand on me dit à la poste que mon paquet n’est pas arrivé et que mon code ne correspond à rien. Je dois du coup trouver un lieu pour potentiellement plusieurs jours qui m’accepte avec la troupe. Sur internet, je trouve une ferme sociale non loin, j’ose les appeler et ils sont prêts à nous recevoir, au moins pour une nuit. Notre troupe en attendant fait sensation et je trouve beaucoup de soutien auprès des gens.

A la ferme sociale Pachamama nous resterons finalement cinq jours, les chevaux dans un paddock qui se transformera en bourbier. Haku et moi logerons dans le studio utilisé par les travailleurs sociaux et je partagerai tous les repas avec la famille.

Pas mécontente d’être au sec, il a plu en trombe pendant les cinq jours, transformant les chemins en torrents et les prés en lacs. Ces pluies ont d’ailleurs crée des inondations un peu partout en Italie.


Yamea à même fini par tolérer Tao sous le petit abri!


Lundi 7 décembre, alors que j’avais abandonné l’idée de recevoir un paquet dans cette poste antipathique, les fers sont arrivés! Je suis partie tout de suite après, sous une pluie diluvienne.

J’ai un contact un peu plus haut sur le flanc de la montagne. C’est le début d’une nouvelle chaîne de solidarité qui se tiendra jusqu’à après Vittorio Venetto, soit six étapes! Nous arrivons trempés dans la petite cabane aux fonds des bois d´Elena.


La journée suivante, qui nous mena à Castelcucco, fut magnifique et horrible à la fois. Magnifique par la nature sauvage traversée et horrible par une pluie diluvienne accompagnée de vent froid. Après m’être presque perdue, nous sommes arrivés chez Lara et ses compères, nous avons été accueillis par une ribambelle d’animaux. Les chevaux ont encore dût supporter la pluie et la boue tandis que je me réconfortais au chaud avec un bon repas, dans la maison de gnome. J’ai connu Renata, une amie de Lara qui fut une super rencontre. Je me suis sentie très proche de ces gens, du même bord, ce qui est reposant. Elles m’ont dégottées un maréchal ferrant pour le lendemain, et même si je ne rêvais que de tracer après mon arrêt forcé, je ne pouvais pas rater cette occasion. En plus, pour la première fois du voyage, j’ai été malade. Mais nous sommes repartis en forme et avec des fers tout neufs pour Yaméa, avec une adresse et d’autres contacts. On ne peut pas dire que le soleil était de retour, mais après 10 jours de pluie continue un jour de sec était un miracle.

Après la petite route à travers les collines, l’arrêt à la boulangerie où il n’y avant plus de pain nous avons traversé le fleuve Piave sur un pont étroit, hyper fréquenté surtout par de gros camions. Une immense file s’est formée derrière Tao, forçant les conducteurs à rouler à notre petite allure. Mais personne ne s’est plaint!

Nous avons passé la nuit dans une chouette famille très proprette pour une voyageuse boueuse.

Et puis nous partons pour deux jours dans les collines viticoles entre Vidor et Vittorio Venetto. Nous trouvons de jolies pistes et petites routes, parfois très raided comme il se doit entre les vignes.


A peine partie de Vidor, un ami de Lara m’appelle pour me dire qu’il a tout préparé pour nous recevoir ce soir, et qu’il est a un petite vingtaine de kilomètres de là. Plus tard il m’envoie une adresse que je trouve encore très loin mais je boost les chevaux en espérant y arriver avant la nuit. Je dois cependant debâter Tao pour se faufiler entre les arbres, le sentier étant infranchissable sur un tronçon. La nuit nous rattrape et Gabrielle me rappelle et je mets un moment à comprendre que l’adresse qu’il m’a donné n’est qu’un point de rendez-vous pour son amie qui voulait me rejoindre à cheval. Sa demeure est encore plus loin, et il me fait changer d’itinéraire. Je suis en colère car nous sommes très fatigués, il fait nuit et nous avons encore plus d’une heure de marche devant nous. Et ce, simplement parce que mon hôte, bien que bien intentionné, ne m’a donné que la moitié des infos, a pensé savoir quel chemin je prendrais alors qu’il y a des dizaines de sentiers et m’a annoncé 18km alors qu’il y en avait 28!

C’est une attitude que j’ai retrouvé chez énormément de personnes qui voulaient m’aider, celle de prendre les décisions à ma place en pensant savoir ce qui est le mieux pour moi et pour mes compagnons. Je me retrouve alors dans une situation très délicate car je ne supporte pas ce comportement, mais je ne veux pas envoyer peter ces gens plein de bonne volonté!

Finalement j’ai monté mon campement dans la vigne d’un ami à Gabriele, la tente contre une maison avec une jolie vue.

Gabriele est venu me chercher pour partager la soirée chez lui, qui fut très sympathique. Le lendemain, sa jeune amie cavalière m’a accompagnée une partie de la matinée et m´a guidée à travers les collines.

C’était un dimanche ensoleillé, j’ai croisé beaucoup de promeneurs et énormément d’enthousiasme. A midi on m’a même apporté à manger pour toute la troupe et quelques cadeaux en bonus! Puis une femme a partagé ma route après m’avoir interviewé. Gabriele m’avait donné un contact d’un ami, et celui-ci m’a rejoins en vélo. Le point de rendez-vous que Gabriele m’avait donné était à nouveau pas le point d’arrivée! Mais nous sommes arrivés à bon port, les chevaux étant en forme. Nous avons passé une courte soirée avec des amis, et j’ai dormi dans le club house de la petite écurie.


Nous avons ensuite longé les montagnes en remontant un peu au nord, afin d’éviter Udine. Nous avons été accueillis dans la coopérative du Parco rurale San Floriano, où nous avons dormi dehors dans le gel. Les nuits commencent à être fraîches!

J’étais hyper excitée ce matin là, Amandine, papa et Ayana devaient me rejoindre dans la soirée. Enfin de la compagnie, des bisous, des câlins!

Le paysage un peu monotone était rendu beau par les grosses montagnes qui nous surplombaient.


A la pause de midi, Amandine m’écrit qu’ils ont été refoulés à la douane car ils n’avaient pas fait de teste covid... je m’effondre, je réalise alors à quel point je me réjouissais et à quel point ils me manquaient. Je continue le cœur gros et monte le campement dans les champs.

Je retrouve le sourire en sachant que c’est Yassin qui doit me rejoindre dans quelques jours. J’essaie de ne pas trop me réjouir mais c’est peine perdue.


La journée est grise, pas très belle, et la chaîne de solidarité est terminée.

Dans un village, une voiture s’arrête et un homme me propose de visiter son ranch. Je refuse, j’aimerais encore avancer. Je le recroise plus loin et il me propose de me prêter une cabane pour la nuit. Je refuse encore, il s’en va. Je regarde mes chevaux et regrette immédiatement. Ils sont fatigués, et moi je me mettrais bien au chaud pour la nuit. Alors je fais demi tour, bifurque où la voiture a disparu et par chance je retrouve le gars dans son tracteur plus loin. J’installe les chevaux derrière une belle grande cabane où je dormirai, et je comprends enfin pourquoi il voulait me faire visiter son « bello ranch »: il a tout construit de ses mains, plusieurs bâtiments de bois brute et de pierres. C’est magnifique, soigné, majestueux.

Je fais mes courses dans son petit magasin à la ferme, une voisine lui apporte sa salade à vendre sur son petit vélo.

Je flippe un coup quand j’apprends que le petit fils a le covid et s’est isolé la veille dans la cabane où je dors. Je désinfecte alors les poignées et les interrupteurs mais oublie la moitié. J’ai peur de ramener la maladie chez d’autres généreux hôtes, ça serait le comble!

Les jours suivant ne sont pas très beaux et je ne pense plus qu’à Yassin. Nous trouvons tout de même quelques jolis chemins, nous traversons quelques ponts.




Et j’accepte pour une fois de faire le batême de poney.

Je suis à la recherche d’un lieux où nous pourrions faire un jour de pause. À San Daniele je fais ma pause de midi dans un petit pré au milieu de la ville. Je le fais plus ou moins exprès pour provoquer les rencontres. Ça ne manque pas, une enfant vient caresser les chevaux et j’en profite pour demander à son père s’il a une idée. Il me donne un contacte, qui accepte de nous accueillir quelques kilomètres plus loin.

Nous arrivons chez Daniele en fin d’après midi, dans son immense maison au milieu de nulle part.

C’est une femme très généreuse et passionnée de chiens, elle m’apprend plein de choses. Je reste là deux nuits, les chevaux dans le parc à chiens. Je discute avec Daniele, et passe la deuxième soirée avec son ex mari , que j’aide à déboucher ses égouts, et son fils.


Et enfin arrive le jour tant espéré de l’arrivée de Yassin. Je me sens absente toute la journée, tantôt au plus profond de mes pensées, tantôt chantant à tue tête. J’arrive à Moimacco en milieu d’après-midi, c’est là que le train doit me livrer mon amour en chair et en os. Je pars en quête de l’éventuelle hospitalité des habitants, mais n’en trouve pas, le village est mort. Alors je construis un parc à côté du cimetière et file à la gare, le cœur battant. Sur le quai, je vois apparaître un train, au loin. Il me semble qu’il met une heure à arriver jusqu’à moi, dans un grand raffut. Je suis surprise de ne voir qu’un seul wagon et l’homme qui est debout devant la porte n’est pas celui que j’attends. Au comble de mon stress, je vois bouger par la fenêtre deux gros sacs. Et apparaître une frimousse tant connue sous son bonnet pointu. Mon coeur déborde de joie et de soulagement, je fonds de bonheur dans ses bras.

Ainsi se termine mon récit de rattrapage, Yassin racontera la suite des événements!




 
 
 

2 Comments


Adela Tintore
Adela Tintore
Jan 18, 2021

Magnifique récit, Manisha, merci beaucoup !!! Quel bonheur de te lire, c’est très généreux de ta part de partager ton voyage et tes expériences. C’est très parlant et on imagine tout parfaitement ! Bravo, un immense bravo ! Je t’embrasse et te remercie encore. Adela

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mahesh.bijoutier
mahesh.bijoutier
Jan 16, 2021

C'est beau ma fille! Et ça m'a repropulsé dans le passé où on venait faire un bout de route avec toi, Amandine, Ayana et moi...

C'était la 2ème x que j'étais refoulé à une frontière, si la 1ère fut un bonheur (tu penses, pas pouvoir revenir en Suisse pour le début de l'année scolaire, quel pied!), la 2ème non... Merci Yassin d'avoir suivi le protocole...

Pour arriver à son but, il faut faire des concessions. Je l'apprends même à mon âge!

Des becs ma fille, c'est génial ce que tu fais là!

Paps

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